Συνέντευξη της Ρένας Δούρου στη γαλλική ηλεκτρονική εφημερίδα Rue 89, 18 Μαΐου 2012
Nous avons posé quatre questions à Rena Dourou, députée de Syriza, la coalition de gauche radicale qui a fait une percée aux dernières législatives grecques. Rena Dourou est également membre du Bureau politique de Synaspismos, principal groupe politique qui compose Syriza.
Après les échecs de tractation entre les trois partis dominants – Nouvelle démocratie, Syriza et le Pasok – de nouvelles élections législatives auront lieu le 17 juin. L’interview a été réalisée avant l’annonce d’un nouveau scrutin.
Rue89 : Quelle est la position du Syriza sur l’Europe ? Est-il pour la sortie de l’euro ?
Rena Dourou : Aujourd’hui l’Europe va mal, surtout en raison des politiques de rigueur imposées un peu partout dans l’Union européenne (UE) et la zone euro. Et ses peuples en souffrent. Nous, en Grèce, nous savons de quoi nous parlons : nous avons subi ces politiques dépuis deux ans déjà. Syriza demande que le modèle actuel de la construction européenne, basée sur l’indépendance de la Banque centrale européenne, l’interdiction de prêter aux Etats à des taux très bas (comme l’UE le fait pourtant aux banques), soit refondé pour favoriser l’emploi, la solidarité et la croissance.
Selon nous, l’euro n’est qu’un outil, qui doit servir à mener une politique en faveur des citoyens et des sociétés. La politique actuelle de l’euro fort n’est pas forcément la règle : il faut changer de politique monétaire, pas de monnaie.
Une sortie de l’euro ne garantirait pas la fin de la concurrence commerciale entre pays membres. Jean-Luc Mélenchon disait dans une interview accordée au quotidien de gauche « Avghi » :
« Le vrai débat n’est pas de savoir s’il faut ou non sortir de l’euro mais s’il faut rompre avec le capitalisme financiarisé et les politiques eurolibérales. Le problème n’est pas l’euro : ce sont les politiques qui sont menées en son nom. »
Nous sommes une force politique responsable, qui ne cède pas aux slogans du moment. Pour vous donner un exemle de la façon dont nous, on conçoit la politique européenne par rapport à la crise, actuellement, notre député européen, Nikos Chountis est en train de contacter des commissaires, des dignitaires impotants de l’union, pour mieux mener notre politique.
Quels sont les principaux points du programme de Syriza ?
Actuellement, nous donnons beaucoup d’importance à la situation économique, aux conséquences catastrophiques de l’application du « mémorandum » [accord entre l’UE et la Grèce, ndlr] dans notre société. Nous sommes à la merci de nos prêteurs ; il faut que cela cesse !
Nous demandons l’annulation du mémorandum signé avec la Troïka, la mise à l’écart de la dette illégale, un moratoire concernant les paiements du reste de la dette, etc. Mais le tout, dans le cadre d’une restructuration économique et dans le sens de la redistribution des richesses, à travers un nouveau système fiscal qui imposera aux riches de payer au lieu des salariés et les retraités. Nous comptons également sur les investissements publics, car on sait que les investissements privés ne sauront jamais satisfaire les exigences sociales.
On met également de l’importance sur la façon de traiter la question de l’extrême droite, qui a fait surface pendant les élections anticipées, le 6 mai, avec 7%. On doit rester vigilants et combatifs face à ce phénomène si commun d’ailleurs dans toute l’Europe.
Pourquoi une union avec d’autres partis de gauche est difficile ?
Même si le président du groupe parlementaire de Syriza, Alexis Tsipras, a reformulé à plusieurs reprises notre proposition d’union avec le PC et la Gauche démocratique, nous n’avons pas eu de réponse positive. Ce qui a privé la gauche, dans le parlement, d’un front à l’image du Front de la Gauche en France. Sur ce point, on doit souligner les responsabilités historiques du Parti communiste grec qui ignore avec constance tout projet de coalition, tout projet de gouvernement de gauche. C’est dommage, surtout pour le pleuple !
Que pense le Syriza de l’élection de François Hollande en France ?
Nous considérons cette élection comme un premier pas vers le changement des rapports de forces en Europe. Pour mettre un terme à ces politiques d’austérité imposées sur tous les peuples européens. Pour casser le joug de Merkel et de Sarkozy sur les sociétés, à travers le pacte budgétaire, d’inspiration allemande, poussé par Merkel. Mais pour être sûr que Hollande va tenir ses promesses, il faut que la gauche et le Front de Gauche sortent renforcés des urnes le 10 et 17 juin prochain. Car pour nous ce qui importe, désormais, c’est la prise du pouvoir par le peuple, pour que le peuple exerce enfin le pouvoir !
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